C’était quoi cette idée de « mission spéciale » ? Dans le Grand Nord en plus. Preuve que l’Ordre ne faisait pas les choses à moitié. L’Ordre du Phénix, ou plus communément, dans le langage d’Epperly, organisation d’idiots au grand cœur, éperdus admirateurs du bien, et amoureux transis du petit Potter et de sa suite rapprochée. En somme, l’exacte opposée du style de fréquentations dont on pouvait s’attendre de sa part, et pour peu qu’elle en ait encore des fréquentations. Parfois elle ajoutait cela à la liste des raisons pour lesquelles elle pouvait se détester, mais au final, rien n’y faisait, pas moyen. Montrer un peu de sociabilité envers le monde extérieur et s’améliorer dans les relations humaines n’était vraiment pas fait pour elle ; et sa conduite quelque peu explicite avait fini par attirer l’attention sur elle. Sinon, pourquoi auraient-ils trouvé intelligente l’idée de l’envoyer dans le Grand Nord sans aucune information supplémentaire que cela soit sur la nature du travail à accomplir, les membres qui seraient présents ou quoi que ce soit d’autre ? Cela sentait le test à plein nez. Et c’était assez embêtant ; à croire qu’il y avait vraiment des jours où il aurait mieux valu rester couchée.
Comprenez, si rester fidèle à l’Ordre ne faisait pas exactement partie de ses projets, il était essentiel pour Epperly qu’elle s’approprie leur confiance. Cela faisait quatorze ans que sa piètre existence ne se résumait plus qu’à son désire de voir les Mangemorts tomber, un à un, jusqu’au dernier, et de sa propre main idéalement. La vengeance avait pris le dessus sur toutes ses autres idées ; et dans un sens, ce n’était pas plus mal ainsi, car que lui serait-il resté autrement ? Sans ce cruel but elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Ne ce serait alors plus offerte à elle que la possibilité de vagabonder hasardeusement d’endroit perdu en endroit perdu, ne gardant aucune attache nulle part ; et cela éternellement. C’est terrifiant, l’éternité. C’est long. Surtout lorsque l’on ne sait pas à quoi l’occuper. On devient vite fou, laissé seul avec tous les regrets, et tous les souvenirs d’une vie qui à un jour été la notre mais qui à présent ne nous appartient plus. Alors tous les moyens sont bons pour y échapper. Et s’ils incluent les défenseurs du bien, Epperly allait prendre sur elle et s’en accommoder. D’autant plus qu’aussi douloureux cela puisse être de l’admettre, cette joyeuse assemblée de bras cassés lui avait jusque là été très utile pour se tenir informée des faits et gestes de ses ennemis jurés.
Le Grand Nord, donc. S’y rendre n’avait d’ailleurs pas été une mince affaire pour la jeune vampire privée de son ancienne magie. Il lui avait fallu trouver un sorcier suffisamment influençable pour qu’elle puisse user en plein jour de son pouvoir de persuasion. Et quitte à se servir du pauvre homme, elle en avait profité pour se nourrir un peu. L’appel du sang était si alléchant, irrésistible, d’autant plus que cela faisait un petit moment qu’elle n’avait pu céder à ses pulsions. Cacher un secret comme celui d’être un vampire n’était pas la chose la plus aisée qui soit, et elle préférait ne pas réfléchir à la manière dont elle allait se sortir de la situation délicate dans laquelle elle se trouvait puisque cela lui était impossible sans en connaître les détails. Au lieu de cela, elle s’accorda pour une fois le luxe de laisser son esprit vagabonder sans cible précise. Elle n’aimait pas trop cela en règle générale, car son cerveau avait dans ces cas là pris l’habitude de faire remonter à la surface de sa mémoire des souvenirs qu’elle préférait enfouir le plus profond possible puisque les oublier ne lui était pas permis. Elle se sentait alors prisonnière de son propre corps, se demandant ce qu’étaient devenus Declan… et irrémédiablement, Amadeo. Pendant un temps, elle avait regretté la douce présence qui se dégageait de ses lettres ; et puis elle s’était rendue à l’évidence. Elle ne devait pas le contacter, et elle ne devait pas penser à lui, sous aucun prétexte. Avec le temps, elle s’était défaite de certains sentiments inappropriés, mais elle ne pouvait lutter contre ses maudits accès de faiblesse qui la poussaient à penser avec nostalgie aux dix-sept premières années de sa vie. Accès de faiblesse dans lequel elle ne s’était, aujourd’hui, pas perdue puisqu’en parfaite preuve de la paranoïa qui commençait à l’habiter, son inconscient analysait les derniers mois qu’elle venait de passer à Londres. Contrairement à ses craintes, personne ne l’avait reconnue. Hormis Capucine bien sûr, mais Capucine ne comptait pas vraiment. Elle était comme elle, et surtout, elle était la seule personne qui avait le mérite de ressembler à une amie aux yeux de la jeune femme. Sa compagnie avait été fort appréciable, et l’avait avant tout aidée à se refamiliariser avec le monde magique après tant d’années d’absence.
C’est donc dans ce sens qu’avaient évolué ses pensées, et elle ne fut arrachée à ses réflexions que lorsqu’une voix masculine étrangement familière vint l’en tirer...
Dernière édition par P. Epperly Donahue le Lun 8 Aoû - 15:37, édité 1 fois
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Sujet: Re: AMADEO ❣ you can take back your memories... ♥ Mer 3 Aoû - 21:25
Lassitude. A croire qu'il était le seul bedeau de l'Ordre à accepter ce genre de mission. Amadeo n'y pouvait rien, il n'arrivait pas à refuser le moindre défi, même en mauvaise compagnie. C'est ainsi qu'il se retrouvait souvent avec Selene, alors que sa présence l'insupportait, ou qu'il devait se coltiner les nouveaux comme composants d'un duo relativement bancale. Généralement, dans cette seconde hypothèse, il s'agissait 'juste' de laisser au grec la possibilité de juger, jauger, tester, ces recrues. Surement car on le savait brute et reconnaissant du courage. Le paranoïaque rajouterait qu'on aimait le torturer en lui mettant dans les pattes des boulets dont le poids finissait, malgré toute sa bonne volonté, à peser lourd. Aujourd'hui, c'était une certaine Epperly qu'il lui faudrait fréquenter pendant quelques heures ; assez pour voir ce qu'elle valait, et ses capacités. On pourrait lui rétorquer que se voir imposer la présence d'une demoiselle ne devrait pas lui déplaire, mais en accord avec ses principes, cette entrevue serait plus frustrante que jouissive.
Le corps tassé sous une longue veste noire, le froid vint griffer lâchement la peau à découvert, lui brûlant les poumons par la même occasion. Le Grand Nord, curieuse destination. Il était au beau milieu d'une espèce de plaine, des arbres presque morts, et quelques lambeaux de tentes gisaient au sol. Pourquoi ici ? Ses rêves l'avaient fait choisir ce lieu pour la rencontre. Le trentenaire avait besoin de tirer certaines choses au clair, ainsi, plutôt que de perdre son temps à trainer la jeune femme dans les rues de Londres, il lui avait donné rendez-vous ici. Pas de vive voix non, c'est un des grands pontes de l'Ordre qui s'était chargé de ça. Dans l'idée surement de garder secret l'objet de leur rencontre. La rencontre eu d'ailleurs lieu quelques secondes plus tard, d'une façon peu banale. Observant du coin de l'œil une ombre, le serpent n'y fit pas plus attention que cela, débitant instinctivement ses conneries habituelles.
« Hep. C'est par ici que ca se passe ! Alors, je m'appelle Amadeo. Pas « Ama », c'est ridicule, et ca risque de m'énerver. Je suis là pour voir si t'es meilleure sorcière que l'idole des adolescentes aka le grand Harry Potter. Ce qui -je sais-, n'est pas très compliqué. »
Toute son attention portée sur son arme dont il caressait le bois, le langue-de-plomb ne daignait regarder son interlocutrice. Ce ne fut que lorsque, d'un geste ample, il fit jaillir de sa baguette une lumière bleue en direction de la membre de l'Ordre, que ses billes prirent enfin le temps de se poser sur cette dernière. Qu'est-ce que .. ?
La main se raidit brusquement, le sort dévie, la lueur vient frapper une écorce morte qui explose. Il se baisse à peine, et protège son visage de justesse avant que les pieux n'atteignent celui-ci. Certes, son avant-bras se retrouve fiché d'une sorte de grosse épine. Indolore, presque. Il a l'impression de toute façon de ne sentir plus rien d'autre que les contractions de son cœur. Alors il plisse les yeux, en pensant surement que cela l'aidera à se concentrer sur la silhouette, qu'à force de fixer les contours, ceux-ci cesseront de lui mentir. Cela ne peut qu'être son imagination, cette joueuse, jamais rassasié de le faire tourner en bourrique. Pourtant, il a beau s'acharner, écarquiller, fermer, torturer ses paupières, rien ne change, elle est toujours là. Dernière tentative désespérée, sa paume libre frotte, histoire de nettoyer ce voile d'illusion. Dieu qu'il a l'air idiot, planté comme un piquet, les pieds enfoncés dans le sol, scrutant de loin, se tenant à distance de l'hallucination.
Il y a de ces silences qui durent une éternité. Et encore, l'éternité, ca paraît peu en comparaison avec la longue attente que subit l'être.
Il y a des personnes qu'il vaut mieux oublier. Qu'on parvint à caser dans un coin de sa mémoire, et sur lequel on met des couches, si bien qu'il n'en reste quasiment rien, juste un vague rappel. Parfois ca marche, des fois non. Dans le cas présent, résultat mitigé. Un souvenir lointain persistait, mais la douleur avait disparue, enfuie sous des souffrances plus importantes qui avaient finit par rendre futile le chagrin sentimental. Elle. Elle, c'était l'exception de son passé. Elle avait confirmé la règle, mais emportait dans ses bagages une partie de ce qu'il avait été.
« On se connait, n'est-ce pas ? »
La question était stupide, le jeune homme connaissait déjà la réponse. Avec toute la bonne volonté du monde, sa mémoire n'aurait pu exclure les passages de sa vie, de leurs vies en commun. Le grec se reprit pourtant, s'inquiétant de ses propres pensées. La fatigue surement. Que lui prenait-il à s'imaginer des individus qui n'existent pourtant que dans son passé ? Pour se rassurer lui-même sur sa folie, il murmura :
« Ce qui est sur, c'est que vous me rappelez quelqu'un. »
Quelque-chose clochait, quelque-chose qui l'empêchait d'avancer, et de se rapprocher. Un problème de prénom, de rides, de temps. Une foule d'idées, de contradictions vinrent tirailler l'esprit d'Amadeo. Incapable d'avancer, il trancha.
« Approchez. »
Lança-t-il d'un ton sec. Son bras prolongé de sa baguette, tendu malgré l'écharde. On le savait inconscient, il était pourtant à l'instant méfiant. Ce n'était pas le moment.
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Sujet: Re: AMADEO ❣ you can take back your memories... ♥ Mer 3 Aoû - 21:28
Où avait-elle déjà entendu cette voix ? Cette douce mélodie qui venait ravir son oreille. Elle était de celles que l’on n’oublie pas, même si l’envie n’est parfois pas ce qu’il manque. Le genre de perception dont on garde toujours un souvenir, peu importent les efforts employés ; un souvenir piquant, que le temps estompe mais n’efface pas totalement. Et lorsque l’on a tant essayé, que l’on réussirait presque, ne restait alors plus que le doute. Avait-elle rêvé ? Peut-être. Ou peut-être pas. Plus le flot de paroles poursuivait son cours, et plus la seconde option semblait être la bonne. En réalité, elle n’écoutait plus. Elle s’était arrêtée à l’entente d’un mot. Un nom. Le sien. Etait-ce son imagination qui se jouait d’elle par pur sadisme de voir des blessures enfouies bien profondément refaire surface ? Etait-ce sa stupide paranoïa de revoir des êtres de son passé qui la rendait folle ? Ou bien… ?
Epperly n’avait pas le courage de s’en assurer ; et les yeux féminins semblaient spontanément trouver un intérêt particulier pour leur environnement, plutôt que pour leur interlocuteur. C’était complètement idiot, d’autant plus que cela ne pourrait durer indéfiniment. Mais en attendant de rassembler le courage nécessaire, elle s’attardait sur les détails qu’elle n’avait précédemment pas pris la peine d’observer. Le sol glacé de la plaine était jonché ici et là de lambeaux de tentes, derniers vestiges d’une des plus récentes missions de l’Ordre dont elle avait vaguement entendu parler, et à propos de laquelle elle ne s’était pas donné la peine de partir à la pêche aux informations.
Un bruit d’explosion retient soudain son attention. Instinctivement, et presque instantanément, elle s’écarte, évitant les projections d’écorce morte qui n’auraient autrement pas manqué de se ficher sur son visage. L’ironie du sort voulait que ce soit par ses facultés physiques accrues par sa condition tant détestée de vampire qu’elle se sortait fréquemment de ce genre de petits désagréments. Un rapide coup d’œil alentour avant de se rendre à l’évidence. L’incident a été provoqué par l’homme qui lui fait face ; et elle a d’ailleurs la désagréable sensation de se sentir observée.
Elle lève les yeux, croise son regard. Si son cœur l’avait pu, il se serait sûrement contorsionné dans sa poitrine, dans tous les sens, créant un joyeux bordel, comme s’il ne savait pas s’il préférait imploser ou exploser. Ce regard, elle l’aurait reconnu entre tous pour l’avoir si souvent contemplé par le passé. Mais c’était impossible qu’il soit là, cela ne se pouvait tout simplement pas. Elle n’allait sûrement pas tarder à se réveiller en sursaut d’un espèce d’état second dans lequel elle avait du tomber. Oui cela devait être ça ; elle était devenue tellement paranoïaque qu’elle venait à en cauchemarder. Il allait sérieusement falloir qu’elle se calme, qu’elle se détende un peu, et tout rentrerait dans l’ordre. Et pourtant… Tout avait l’air si réel. Du vent froid qui continuait de lui gifler le visage jusqu’à lui, et l’expression de totale perplexité qu’il abordait en la fixant toujours ; sûrement était-il en proie aux mêmes doutes qu’elle.
« Ama… »
Le mot lui avait échappé. Sa naïveté l’avait sans doute conduite à penser que prononcer ce nom à haute voix allait prouver que son inconscient avait inventé la scène de toutes pièces, ou au contraire, que tout était bien ancré dans la réalité, que ses yeux ne lui avaient pas menti. Dans cette hypothèse, Merlin ce qu’elle devait avoir l’air idiote à le dévisager sans être capable d’articuler ne serait-ce qu’un semblant de phrase. Elle aurait trouvé tant de choses à lui dire, mais sa voix lui aurait fait défaut. L’ingrate. Elle se serait brisée, trahissant l’émotion qu’elle n’aurait pas du ressentir. Plutôt que de se rendre plus ridicule qu’elle ne l’était déjà, elle obéit donc à l’ordre qu’il avait lancé, s’approchant plus près de lui, trop peut-être. Elle ne s’était pas formalisée du bras masculin tendu et prolongé de sa baguette. Si des années plus tôt elle avait craint la magie presque autant qu’elle l’avait adorée, elle ne risquait aujourd’hui plus rien par cette voie là. Sa propre baguette, trente-et-un centimètres de lierre auxquels elle avait tenu pratiquement autant qu’à sa vie, lui était désormais inutile. Elle n’avait pu se résoudre à s’en débarrasser, mais le contact du bois ne lui apparaîtrait plus jamais comme chaud ou rassurant, et surtout, sa main n’en ferait plus jaillir d’étincelles de lumière.
Elle tâchait de reprendre ses moyens, ne pas se laisser distraire par l’ivresse que provoquait chez elle le doux parfum dégagé par l’homme. Alors, elle poussa l’audace jusqu’à effleurer son visage de sa main. Dernière tentative désespérée. Dernière chance de voir les contours changer de forme afin de dessiner la vérité. Et dernier échec. Il était encore là ; bien en chair et en os, non plus comme un lointain souvenir regretté.
L’abandonner lui avait coûté cher, bien plus qu’elle ne l’aurait souhaité. Mais elle n’avait pas eu le choix, ne connaissant que trop bien son irrévocable haine pour les êtres immortels. Cela n’aurait pas du se terminer ainsi ; peut-être que cela n’aurait pas du se terminer tout court. Ou bien aurait-il fallu que rien ne commence ? Il avait été l’unique exception, c’est tout ce dont elle était certaine. Et avec toute la bonne volonté du monde, elle ne pourrait effacer les moments qu’ils avaient partagés de sa mémoire.
Parfois l’éternité lui paraissait longue. A l’instant présent, elle était totalement dérisoire.
« Tu ne m’as pas oubliée… »
Réflexion idiote. Silence.
« Tu dois savoir qu’il n’est pas dans mes habitudes de m’excuser. En fait, je ne me rappelle pas l’avoir déjà fait un jour. Alors, je t’en prie, ne m’oblige pas à répéter. Je suis désolée. Pour tout ce que j’ai bien pu faire. Si je m’attendais à te croiser par ici… »
Qu’est-ce qui lui prenait d’un coup ? Pourquoi ressentait-elle le besoin idiot de se mettre à nu devant lui ?
« Enfin, cela n’a plus d’importance, n’est-ce pas ? »
Oh que si cela en avait, bien trop pour qu’Epperly et sa fierté bien assez endommagée ne veuillent bien l’admettre.
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Sujet: Re: AMADEO ❣ you can take back your memories... ♥ Mer 3 Aoû - 21:37
La distance se réduisait, les possibilités aussi. A chaque mètre foulé, Amadeo devait se rendre lucide, il s'agissait d'Elle. Unique et spéciale. Et il ne savait pas encore à quel point. Sa vie était un chantier où se cumulaient problèmes de fabrication et erreurs de personnel, ce qui se construisait se détruisait dans les minutes qui suivaient. Il n'avait pas besoin de cette ultime embûche. Surtout dans son camp. Que fichait-elle dans l'Ordre ? Lui-même faisait figure d'exception, en tant que Serpentard bourré de stéréotype.
« Ama, c'est pour les intimes. Les gens qui font parti de ma vie, pas ceux qui en sortent. »
Rectifia-t-il avec dureté. Elle ne faisait plus partie de ces 'gens'. N'en ferait plus partie. Aucune n'en faisait partie. Il s'accrochait à Lyrrha, mais se surprenait à attendre que l'auror fasse une erreur, pour l'achever, pour que cela confirme sa théorie que toutes les femmes le décevaient. Un jour, surement faillirait-elle, comme Pixie. D'un coup, il n'avait plus grâce à ses yeux. Plus assez beau, assez intéressant, assez bien pour mériter de partager encore son quotidien. Juste là, le laissant giser au sol sans se préoccuper du fait qu'il sache se relever ou non. Elle devait rire, en compagnie d'un crétin qui devait avoir remplacé sans grand mal l'insupportable serpent. L'entendre prononcer son prénom revenait à un son perçant. Jamais il n'aurait imaginé que son cœur se soulève à nouveau à l'écoute de cette voix. La mélodie, l'odeur puis les images avaient vieillit, et puisqu'il n'avait pas cherché à rattraper ces souvenirs qui fuyaient, il les avait laissé s'éloigner.
Elle s'approchait, et lui voulait reculer. Mais il ne pouvait pas. Ca aurait été fuir, faiblir, laisser voir le trouble. Le jeune homme restait tel un bloc, stoïque et passif, feignant une indifférence peu crédible. Les inconnus auraient pu gober cette attitude, mais Amadeo oubliait dans l'énoncé une information capitale : elle le connaissait. Mieux surement que ses « camarades » de l'Ordre à qui il n'avait de toute façon jamais donné aucune chance. Un sentiment d'amertume le gagnait, mêlé à la colère. L'abandon. Son état misérable. Jamais personne hormis son ex moitié n'eut vent de cette histoire, ca aurait été mettre en péril une image durement construite. Comment croire à ce monstre de vanité et de fierté s'il vous contait combien le gamin qu'il était fut touché par sa « rupture » ? Qu'un être aussi frêle pouvait provoquer une si profonde blessure dans le roc ?
La main inquisitrice vint reconnaître ses traits. Surement l'audacieux aurait-il voulu qu'elle y retrouve le visage adolescent, ses traits lisses et emplis d'une malice qui aujourd'hui s'était tassée sous le poids des remords. Devenu un homme, le tout s'était endurci et attristé. L'instant d'une seconde, le vieillard ne put s'empêcher de se faire la réflexion qu'elle devait le trouver bien enlaidit. C'était d'un stupide. Se préoccuper de se que peux bien penser de vous une demoiselle qui tourna il y a longtemps, le dos à votre histoire. Cette pensée renforça la rugosité. Comble de la provocation, l'éternelle adolescente s'excusait. Alors que la sagesse lui intimait de la planter ici, et de tourner le dos à ces confessions qui il le savait, allaient influer et secouer son quotidien, il avait beaucoup trop de choses à déverser pour se dérober. Il n'était guère dans ses habitudes de se protéger ; cette ultime imprudence pourrait bien lui couter plus que quelques minutes de son temps. Il y a des instants du passé, qu'il faut laisser au passé.
« Je n'oublie jamais les personnes qui m'ont fait du mal. » Aveu de faiblesse. Il aurait pu tout aussi bien céder au plaisir de se rappeler les temps anciens, et se laisser aller à l'abdication. 'Je n'oublie jamais les personnes qui ont marqué ma vie' aurait été plus sincère, mais ses lèvres refusaient cette faiblesse. S'armant d'une inspiration sifflante, il continua : « Si tu avais su que j'étais ici, tu aurais fuis. C'est bien ce que tu fais de mieux non ? Tu es lâche, et affreusement en retard. Il y a une date de péremption pour les excuses, et elle est largement dépassée. Ne compte pas sur moi pour alléger ta conscience. »
Il avait beau se persuader que son passé avec elle était enfui, la rancune qui débordait de ses paroles laissaient paraitre le contraire. Comme si toutes les blessures venaient de se rouvrirent, sèchement, sans crier gare, déchirant dans une douleur sans pareil ses membres. Aucune séquelle apparente, mais il avait l'impression que son esprit allait exploser. Et sa baguette tendue, qui ne sert à rien d'autre qu'à trembler, misérable. Puisque la rage l'étrangle, la solution à sa débâcle ne se fera pas par la parole. Sa main libre reproduit le même chemin que celle féminine précédemment, le bout de ses doigts effleurant les traits de son souvenir. Quelque-chose cloche. Cela sauterait aux yeux de l'individu lambda, oui mais voilà, Amadeo est à cet instant plus perturbé que cette illuminé de Bellatrix. Ce n'est pas la folie, mais des angoisses de jeunesse qui le gagne. Amadeo a 16 ans, Amadeo n'arrive pas à réfléchir, alors il fait ce qu'il sait faire de mieux. La main si douce devient brute, et empoigne le cou de la belle comme un simple objet. Il serre. Il étrangle, même. Le langue-de-plomb ne réfléchit pas au fait qu'il pourrait la tuer, il veut juste qu'elle cesse d'être là, disparaisse, comme elle sait si bien le faire. Au pire, il mettrait ce fâcheux accident sur le compte d'une mauvaise rencontre. La baguette ignorée de l'homme se planta entre les côtes du souvenir, faisant du bois un usage peu conventionnel. Plus le souffle manquait à sa prisonnière, plus, grisé par la domination, le geôlier retrouvait confiance et stabilité. La torture aurait pu continuer jusqu'à ce que 'mort' s'en suive, si seulement la curiosité ne l'avait pas ramené dans le présent, à ses trente-deux ans, et à sa modération. Il s'approcha du visage de la demoiselle, plantant ses billes claires sur sa petite personne, et dans une expiration :
« Epperly Donahue hein ? C'est quoi ces conneries ? Je ne savais pas qu'en changeant de compagnon on devait aussi changer d'identité. »
Un pas en arrière, puis deux. Il bouge ses doigts endoloris, et libère Pixie de toutes douleurs. Rien ne dit qu'il ne recommencera pas dans quelques instants, mais elle était encore trop utile, et trop de questions demeurent sans réponse. Pourquoi avait-elle changé d'identité était un bon début.
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Sujet: Re: AMADEO ❣ you can take back your memories... ♥ Mer 3 Aoû - 21:38
Le venin de ses paroles se répandait peu à peu dans ses veines. Retour brutal à la réalité. Elle déchantait subitement. Qu’avait-elle imaginé ? Grisée par l’euphorie de sa présence elle en avait oublié les données essentielles de l’équation. Elle l’avait abandonné une quinzaine d’années auparavant. Sans un mot qui plus est, terrifiée comme elle l’avait été par des adieux dévastateurs. Si elle ne l’avait pas fait de gaité de cœur, lui l’ignorait. Sans doute s’était-il imaginé un scénario déversant toute la responsabilité sur elle afin de pouvoir la haïr librement. Elle aurait aimé pouvoir en dire de même de son côté. Se défaire de toute culpabilité lui semblait à ce stade tellement improbable que même l’idée prenait des couleurs d’utopie fantaisiste. Et Epperly ne faisait pas partie de ces gens qui vivaient emprisonnés dans leurs rêves d’un monde meilleur. Elle refusait de s’infliger cette souffrance, douloureux poison entraînant une longue agonie. D’autre part, Amadeo avait toujours tout eu du serpent rendant fière son ascendance. Sachant cela, elle aurait du se trouver préparée. Pourtant l’acerbité de ses paroles, loin de passer au dessus d’elle sans l’atteindre, venait la blesser en plein cœur. Du moins, ce qu’il en restait.
« Ne me parle pas sur ce ton. La vérité serait plutôt que l’on m’en a expulsée. Mais bien sûr, tu n’as pas cherché à savoir. Il t’était bien plus facile de croire que je ne voulais plus de toi. »
Toute trace de douceur s’était effacée de sa voix lorsqu’elle avait repris la parole. Elle ignorait pourquoi elle avait délibérément cherché à envenimer la conversation. Sûrement que ses souvenirs étaient moins profondément enfuis qu’elle ne l’avait espéré. Faire face à son passé s’avérait plus difficile qu’elle l’avait d’abord laissé paraître. Elle n’aurait jamais imaginé que ce visage et cette voix puissent encore la mettre dans un tel état de perdition. Il avait partagé son quotidien si longtemps. Elle n’éprouverait certainement jamais plus de sentiments aussi forts envers qui que ce soit. Surtout pas dans sa condition. L’ironie voulait que ses longues canines, tout en étant responsables de son malheur, lui offraient un faible répit. Les émotions s’atténuaient, disparaissaient presque dans certains cas. Présentement, le résultat se trouvait être plus que mitigé.
Mais n’avait-il pas toujours été l’Exception ? Le seul, l’unique avec qui elle avait été totalement franche. Elle l’avait laissé voir à travers ses masques d’illusions. L’adolescente avait d’abord pris peur, refusant de sacrifier sa liberté pour une histoire enfantine. Elle se persuadait qu’il n’était qu’une passade qui disparaîtrait au bout de quelques semaines, comme les autres. Rien n’avait été construit pour durer dans sa vie, perpétuel chantier de destruction. Mais les mois s’étaient écoulés, et il était toujours là. Alors elle avait espéré, elle s’était accrochée à lui, pensant naïvement que cela suffirait à l’empêcher de s’en aller. Et cela avait suffi, puisqu’au final, c’était elle qui avait pris la fuite. Preuve ultime qu’elle était seulement douée pour les champs de batailles.
« Je t’ai déjà dit que j’en étais désolée. Cesse de me dévisager comme si j’avais souhaité tout le mal que j’ai causé autour de moi. » Le ton se faisait plus nerveux. Les doigts féminins s’étaient posés sur leur baguette, la faisant tourner dans tous les sens et ses billes y trouvaient grand intérêt. Sans doute l’autre âme aura-t-elle relevé ce tic trahissant son état actuel. Il ne la connaissait que trop bien. En réalité, il avait même été celui qui l’avait le mieux connue. « N’est-ce pas ce que nous faisons tous, fuir ? Tu es tout aussi lâche et égoïste que moi. Serais-tu venu si tu avais pu prévoir ma présence ? Et rassure-toi, compter sur toi n’était pas dans mon idée. Rien n’allégera plus ma conscience. »
Elle même débordait suffisamment d’amertume pour être à nouveau capable d’intercepter son regard. Elle peinait, sous la dureté, à retrouver l’enfant qu’elle avait aimé. Pourtant il était là. Si elle avait été croyante peut-être aurait-elle pu considérer que le destin s’employait à leur donner une seconde chance. Elle, ce qu’elle y voyait, c’était un cadeau empoisonné qui allait sérieusement bouleverser son quotidien. Les doigts masculins avaient entrepris le même chemin que les siens précédemment, se posant doucement sur son visage. Troublée et prise par surprise, elle n’avait pas réagi lorsque la poigne s’était faite plus brutale, lui enserrant le coup tel un étau. Le souffle court, incapable de bouger, elle ressemblait à une vulgaire poupée de chiffon soumise au bon vouloir de son possesseur. L’idée qu’il pouvait continuer comme cela encore longtemps sans risquer de la tuer ne lui avait pas traversé l’esprit, pas plus que la peur de voir sa vie se finir. Son cerveau semblait s’être arrêté de fonctionner. Seule persistait son incapacité à définir pleinement le sentiment qui l’habitait lorsque ses yeux se posaient sur son bourreau. Elle ne parvenait pas à trouver le milieu entre ses gestes violents et ses aveux de faiblesse. Enfin, il relâche prise, la laissant libre de tout mouvement. Grossière erreur.
« Il faudrait mettre tes connaissances à jour, dans la plupart des cas un mariage suffit à changer de nom. »
Jouant la carte de la provocation, elle n’attendait qu’une réaction de ce bloc stoïque lui faisant face. Elle n’avait pas digéré son geste précédent : il venait d’essayer de l’étrangler. Elle ne mentait pas non plus. Elle avait juste énoncé une vérité sans rapport avec son histoire, totalement inutile. Dans la plupart des cas. Encore une fois, elle faisait figure d’exception. Donahue n’était donc en rien le symbole d’un quelconque amour, plutôt un signe de paranoïa ou de désir d’oubli du passé. Quant à son prénom, elle s’égosillait depuis qu’elle avait acquis la faculté de parole pour que l’on utilise le deuxième au demeurant du premier, qu’elle portait très mal. Pixie. Petite Fée. Stupide.
« Mais contrairement à ce que tu sembles penser, je ne t’ai pas laissé pour un autre. » Une seconde lui avait suffi pour couvrir l’espace qu’il avait installé entre eux. « Je pourrais t’expliquer pourquoi je ne t’ai plus donné signe de vie… » Une de ses mains retenait le bras portant la baguette, tandis que l’autre s’était doucement refermé sur le cou du Grec. Elle ne serrait pas. Pas encore. « Ou bien je pourrais faire la même chose que toi… en m’assurant que tu n’en sortes pas vivant. » Murmurant ces mots à son oreille, elle avait bravé les distances de sécurité. Quinze ans ; c’était le temps qui c’était écoulé depuis la dernière fois où ils avaient été si proches, physiquement. « Aide-moi… Je n’arrive pas à me décider. »
C’était vrai. Elle n’avait pas encore déterminé laquelle des deux hypothèses était la pire. Satisfaire sa curiosité et lui raconter la vérité, toute la vérité. Il ne manquerait alors pas de la haïr, si ce n’était encore fait. Elle se savait incapable d’affronter le mépris dans ses yeux. Un mépris à son encontre, pour ce qu’elle était devenue. Une immortelle. Et pourtant, l’envie de se justifier sur ses actes manqués s’imprégnait en elle. Ou bien simplement devait-elle en finir avec lui, comme elle l’avait fait avec tant d’autres. Une mort de plus sur sa conscience ne devrait pas changer la donne. Mais il s’agissait de Lui, l’unique. Il représentait un mystère à ses yeux. Tout était déroutant, jusqu’à sa présence ici. Après tout, c’était l’Ordre qui l’avait envoyée. Troublée comme elle l’avait été, elle n’avait pas songé un seul instant que l’ancien serpent faisait partie de son camp.
« Mais d’abord, explique-moi donc ce que quelqu’un comme toi fous dans l’Ordre du Phénix. »
Quelque chose clochait. Sans qu’elle ne s’en aperçoive, sa main s’était crispée sur la gorge d’Amadeo, lui rendant sans doute la respiration difficile. Quels êtres fragiles les mortels faisaient. Une fraction de seconde et leur vie pouvait basculer de manière irréversible.
Journal de Bord Age du Personnage : Trente-trois ans. Patronus : Une hyène. Métier : Membre du Ministère
Sujet: Re: AMADEO ❣ you can take back your memories... ♥ Dim 7 Aoû - 14:41
Plus.. facile ? Osait-elle ? Oui, elle osait. Emprunte d'un aplomb qui l'aurait impressionné si seulement tout ceci ne le concernait pas, Amadeo la regardait avec un dégout qui ne semblait pas vouloir le quitter. « Facile » n'était pas le terme approprié, mais la boule qui se formait dans sa gorge l'empêchait de s'exclamer. Perly les avait planté, Lena et lui, et la perfide se dégageait de ses responsabilités en lui reprochant de ne pas avoir cherché. Dans un premier temps il avait voulu revenir sur les terres de sa scolarité, aller retrouver la silencieuse afin de saisir le sens de cette absence de lettres. Puis, il s'était désisté. Problème d'égo, problème de chagrin aussi. Et puis, il en retrouverait d'autres, avait-il cru naïvement. Sauf que personne ne la remplaça jamais. Comble du ridicule. Aussi ridicule que le ton qui se durcissait de la demoiselle. Rien ne pouvait d'avantage le réjouir. Ce n'était qu'une maigre vengeance certes, mais la voir se craqueler sous ses prunelles bleutées séchait quelques larmes versées il y a bien longtemps.
« Pauvre Pixie. » Ses lèvres se retroussèrent en une mine cyniquement triste. « Pauvre Pixie rongée par sa conscience. Ne t'inquiète pas, tu n'as rien bouleversé dans ma vie, j'ai traversé des évènements beaucoup plus importants que cette pauvre amourette. Ne t'accorde pas plus de crédit que tu n'en as. »
Un ramassis de mensonges. Ou peut-être essayait-il simplement de se convaincre que tout ceci n'allait pas le toucher, que l'avoir si proche de lui ne lui faisait rien. Trop proche surement. Il s'attendait d'ailleurs à des représailles après l'avoir plus ou moins étranglée. L'instinct primaire avait prit le dessus. Le jeune homme ne s'écarta pas pour autant, la jaugeant du regard. Allait-elle répliquer, si oui, comment ? Le jeu commençait à lui plaire. Les retrouvailles prenaient des airs de confrontation. Elle parla mariage, il ne put contenir son amusement.
« Ne me fais pas l'insulte de me prendre pour un idiot, qui voudrait bien de toi ? »
A part lui, ca va de soi. Il ne pouvait s'empêcher de penser que si elle n'avait pas fuit, ils pourraient être encore ensemble; que sa vie aurait été plus douce et agréable si la demoiselle avait été à ses côtés pendant toutes ces années. Les épreuves, les obstacle plus surmontables avec sa main dans la sienne. Son existence moins morne et son caractère moins solitaire. Mais tout ceci était bien loin maintenant. L'actualité était beaucoup plus mouvementé. Prenant un malin plaisir à la provoquer, le goût de la vengeance était un de ces fumet délicieux dont on ne se lasse de respirer l'odeur. Autant dire qu'il se délectait de ce moment. Il avait finit par toucher un point sensible, mais en attaquant, il se blessait lui-même, dans un curieux miroir.
Le miroir continuait à refléter ses actions, puisqu'à son tour, Amadeo sentit la main de l'ennemie saisir son cou. La surprise, tout d'abord, et après, un léger rire se fraya un chemin entre ses lèvres. Elle se sur-estimait, croyait-elle vraiment être capable de l'étrangler ? Elle n'en avait pas la capacité, ni physique, ni morale. La voir échouer dans sa tentative d'intimidation ne ferait qu'un peu plus l'enfoncer, c'est ainsi qu'il la laissa faire, sans y appliquer la moindre résistance.
« Tu veux un conseil ? Assure-toi que je n'en sorte pas vivant. Car si je respire encore après ça, tu risques de rentrer chez papa-maman en plusieurs morceaux. » Hum, les pieds dans le plat sans le vouloir, c'est bête. « Voyons, t'es grande maintenant, tu es capable de prendre une décision toute seule, non ? »
On peut se permettre de s'opposer à l'adversaire lorsque celui-ci est inférieur. Le problème en l'espèce, c'est la mauvaise évaluation du potentiel de ce dernier. L'étau se resserre contre sa trachée. Par réflexe, sa propre main rejoint celle féminine, essayant de lui faire lâcher prise. Mais toute la force employée ne faisait faillir la pression. Elle était toujours aussi frêle, alors que le corps d'Amadeo s'était au fur et à mesure endurcit et renforcé. Vaincre la jeune femme, une simple formalité. Et pourtant... Les griffes se refermaient sur sa chair, étranglant sans vergogne l'homme, qui assistait impuissant à sa chute. Bientôt, il avait du mal à avaler sa salive, à respirer, ses prunelles océans se teintant de rouge, et sa gorge peinant à trouver quelques bouffées d'air nécessaires à sa survie. La poigne ne ressemblait pas à celle d'une femme, et encore moins à celle de son amour passé. Il en était même à se demander si elle tenait d'une force humaine.
« Tu aimerais le savoir hein ? La curiosité te perdra. »
Parvint-il à articuler, non sans laisser un sourire carnassier perler sur ses traits. La provocation, toujours. Ne jamais s'avouer vaincu, même si clairement, vu la situation, il était déclaré perdant par tous les parieurs. Tout semblait obscur et incompréhensible, jusqu'à ce que le garçon se fasse la réflexion qu'ô grand jamais, il n'aimerait mourir avec comme dernière image celle de son ancien amour. L'image était trop lisse, n'était pas abimée par le temps. Telle que dans ses souvenirs. Ceci doublé d'une puissance qui ne pouvait lui appartenir. Quel idiot. A réflexion idiote, action tout aussi stupide. Nous mettrons cela sur le compte du manque d'oxygène dans le cerveau. Abandonnant l'idée de lui faire lâcher prise, sa main libre vint appuyer sur l'éclat de bois fichée dans son bras, approfondissant la blessure, jusqu'à ce que son sang perle, en gouttes de plus en plus lourdes. Le jeu était dangereux. Il n'avait aucune certitude, juste des indices le menant à une possibilité.
« J'ai toujours su deviner tes faiblesses. »
Vampire. Le mot raisonnait dans sa tête tandis qu'à force de serrer et desserrer le poing, le tissu recouvrant son avant-bras se teintait de rouge carmin. Bon, d'accord, ca paraissait être une idée relativement suicidaire. En attendant, trop concentré sur sa respiration, la douleur était en pause. L'insolent la défiait du regard, ses prunelles ne la quittant pas. Si la peur ne se lisait guère sur son visage, elle était bien présente, mais la fierté faisait un barrage convaincant à cette vicieuse. Ça y est, le liquide gagnait ses doigts. Il avança sa main vers le visage trop parfait de la poupée de cire, son index venant se déposer sur ses lèvres, y laissant une marque ensanglantée.
Doubles-Comptes : Nikkylia S. Vodianova (compte principal) & Travis. *-*
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Sujet: Re: AMADEO ❣ you can take back your memories... ♥ Lun 15 Aoû - 18:58
Un paquet de souvenirs vieillis. Ce qui restait d’eux pouvait facilement n’être résumé qu’à cela. L’entrevue prenait des airs de confrontation teintée de dégoût et d’amertume. Elle-même en débordait, mais ne pouvait en déverser la responsabilité sur Amadeo. Sans doute aurait-elle pris plaisir à inverser leurs situations, à l’accabler de reproches qu’il n’aurait pu balayer et à le voir faiblir sous ses yeux comme elle savait si bien le faire présentement. Ne trouvant rien d’intelligent à répliquer, le silence fut pour une fois un compromis acceptable qui lui éviterait de se couvrir – encore – de ridicule. Elle ne se formalisa pas non plus de l’emploi de son prénom. Faisant figure d’exception jusque dans les derniers retranchements, ce mot paraissait presque normal dans sa bouche puisqu’elle le lui avait toujours toléré. Du moins, avant. Des années plus tard, cela n’avait pour effet plus que de remuer quelques recoins douloureux et oubliés de sa mémoire. Elle qui pensait en avoir définitivement terminé avec Pixie déchantait rapidement.
Et comme pour l’enfoncer plus profondément qu’elle ne l’était déjà, il ne pouvait s’empêcher d’avoir raison. Sa seule consolation allant au fait que ses paroles le blessaient lui-même, douloureux miroir. Lui avait voulu d’elle pendant un temps. Sans certains aléas de la vie, cela aurait certainement pu continuer des années encore ; peut-être même seraient-ils encore ensemble aujourd’hui, main dans la main plutôt qu’adversaires. A la place, elle s’était faite aussi silencieuse qu’actuellement, se dispensant de répondre à ses dernières lettres et prenant lâchement la fuite.
« Crois moi, tu ne ferais pas ça. Tu n’aimerais pas me rendre service, n’est-ce pas ? » Question rhétorique, ton indifférent. Le Grec ne semblait effectivement pas disposé à lui faire plaisir, pas plus qu’elle n’était réellement capable de commettre l’irréparable, une fois que la montée d’adrénaline qui l’avait gagnée se serait envolée. Ce qui finirait par poser problème. Bien que sa tête séparée de son corps quelque part au cimetière soit une vision – glauque certes - dont elle avait déjà rêvé. L’éternelle demoiselle vivait mal avec ses longues canines. « Malheureusement pour toi il semblerait que tu aies raison. » Et ses doigts se resserrèrent sur leur prise.
Le pouvoir. Un sentiment grisant auquel il était facile de se laisser aller. La vampire se délectait des souffrances du pauvre homme. Sa main qui était venue se joindre à la sienne dans le ridicule espoir de la faire lâcher prise lui arracha un sourire de mauvais augure. Faible. A un point où il en devenait risible, voire pathétique. Ses billes se teintaient de rouge, démonstration physique du mal qui se propageait à l’intérieur. Elle aurait aimé les voir sortir de leurs orbites, éteignant ainsi la lueur insolente de ses prunelles claires. Le serpent ne semblait pas pressé de rentrer dans son trou. Au contraire, il se faisait téméraire, trouvant la force de répliquer dans sa situation délicate. L’idiot ne semblait pas se rendre compte qu’il jouait ainsi avec le feu. Sans doute aurait-il pu se le permettre des années auparavant. Présentement, de nouvelles données étaient venues altérer l’équation, rendant les apparences trompeuses. Le frêle bras féminin raffermit sa poigne sur la gorge de l’homme.
« Je t’en prie, restons sérieux. Ta confiance en toi te perdra bien avant ma curiosité. »
Le pire dans tout cela, c’est qu’elle en était réellement persuadée. Qui pour l’en blâmer après tout ? A en juger par la tournure que prenait l’entrevue, il était évident qu’elle n’était pas dans le rôle de celle qui avait du souci à se faire. Et elle fut confortée dans ce sentiment lorsqu’elle sentit la main masculine abandonner toute résistance. Laissant son instinct prendre le pas sur son cerveau, l’immortelle ne se soucia absolument pas de l’endroit où la lâche avait pu se poser. Elle l’imaginait résignée, pendant le long du corps fatigué et surestimant ainsi la pression qu’elle exerçait sur l’être. Ainsi ce ne serait pas sa curiosité qui finirait un jour par la perdre, mais plutôt son orgueil démesuré. Une sorte de défaut fatal qui laissait à l’ennemi l’opportunité de frapper. Il avait toujours su deviner ses faiblesses. Elle n’aurait su le contredire, aussi douloureux qu’il puisse être de l’admettre. Son égo en prenait pour son grade, le silence l’attestait. Chacun son tour, sans doute. Elle n’eut pas le temps de se pencher plus amplement sur la question.
Sans qu’elle ne puisse réagir, des doigts ensanglantés vinrent se poser sur ses lèvres, y laissant perler quelque gouttes. La réaction fut immédiate, achevant certainement de convaincre l’âme, dans l’hypothèse peu probable où elle aurait encore eu des doutes. Sacrifiant le tissu de sa manche afin de nettoyer sa bouche du délicieux liquide avant qu’elle n’en prenne goût, elle relâcha dans le même temps sa prise sur la gorge de celui qu’elle avait aimé. Il ne s’en tira pas à si bon compte pour autant, puisque dans une pulsion incontrôlée elle l’envoya valser à terre. Oubliée sa fausse allure impassible, l’idiot était parvenu à la mettre hors d’elle. Il avait su renverser leurs rôles avec une facilité déconcertante, et malgré leurs positions respectives, sa réaction la faisait aisément passer pour la plus ridicule des deux. Ce qui n’allait pas en s’améliorant.
« Ne refais jamais ça ! » Posant un genou à terre, elle planta son regard clair dans celui encore rougi d’Amadeo, prenant grand soin à éviter son côté blessé. L’Ordre lui avait certes apporté une certaine maîtrise d’elle – sinon quoi certains ne seraient plus aptes à se tenir debout en pleine santé – mais il était inutile de jouer avec le feu. « Si tu tiens un tant soit peu à ta misérable vie, ne refais jamais ça. » La provocation avait sans douté guidé cet acte désespéré de la part du jeune homme, mais la demoiselle ne semblait plus disposée à jouer. Elle qui avait quelques minutes plus tôt été prête à l’étouffer déployait à présent des efforts inconsidérés pour le garder en vie. « D’autres que moi en auraient déjà fini avec toi. » Aveu de faiblesse. A croire qu’elle ne pouvait s’en empêcher en sa présence, c’était presque lassant. Son esprit avait du suivre l’exemple de son corps et rester bloqué une quinzaine d’années auparavant. Pathétique.
Elle se releva rapidement afin de mettre une distance acceptable entre sa personne et cet ancien amour. Plus question pour elle de s’imposer cette proximité physique. « Alors, qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? Me tuer ? Je crois me souvenir que c’est le sort que tu rêvais de faire subir à tous les monstres comme moi. » Comment oublier de toute manière ? Elle n’avait que trop vu son Epouvantard, lourdement chargé de sens. Elle connaissait mieux que quiconque sa répugnance pour l’immortalité et son désir de verser le sang des créatures la possédant. « Vas-y. Je m’en fiche. » Le pire étant sans doute qu’elle était sérieuse. Garder son visage comme dernière image de ce monde ne lui plaisait pas particulièrement mais aurait au moins eu le don de mettre fin à son calvaire.
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Sujet: Re: AMADEO ❣ you can take back your memories... ♥
AMADEO ❣ you can take back your memories... ♥
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